La visite d'Hassan Rohani en Europe cette semaine a fait beaucoup couler d'encre. Certains se félicitaient de rétablir enfin les liens commerciaux et diplomatiques - on leur vend des Airbus et on récupère du pétrole tout en s'assurant un soutien essentiel contre l'Etat islamique. D'autres fustigeaient une alliance abjecte avec un pays qui bafoue ouvertement les Droits de l'Homme. C'est cette tendance que je compte défendre dans cet article. George Bush avait raison lorsqu'il dénonçait l'Iran comme un Etat voyou. Des Airbus n'effaceront jamais les crimes commis par l'Iran, pour lesquels il doit payer.
Au nom d'une prétendue real politik, inspirée tout droit des stratégies américaines pendant la Guerre froide, nous avons renoué avec l'Iran. Mal nous en a pris.
L'incohérence dont font preuve les diplomates occidentaux éclate aujourd'hui au grand jour. Rappelez-vous en 2001 et en 2003, les Etats-Unis formaient une grande coalition internationale pour abattre les Etats voyous : on reprochait au gouvernement taliban d'Afghanistan de laisser Al Qaida prospérer et à l'Irak dictatorial de Saddam Hussein de violer le droit international en cherchant à se doter de l'arme atomique.
L'Histoire, cet éternellement recommencement, nous a donné profondément tord. La plupart des observateurs et du grand public s'accordent à dire que les deux interventions successives au Moyen-Orient furent un cuisant échec. La situation actuelle provient de notre incompétence passée (Cf. Le Moyen-Orient, terrain de jeu des grands).
Pourtant, étrangement, nous avons fait exactement la même erreur en 2011 en attaquant la Libye. C'était une occasion rêvée pour Sarkozy, en pleine débâcle, de se vêtir des habits si prestigieux de chef de guerre. L'intervention en Libye est son intervention. Il l'a voulu, il l'a eu, mais il n'en a pas assumé les conséquences. Ce devait être ce pour quoi l'Histoire le glorifierait - Sarkozy, le défenseur des Droits de l'Homme, sauveur d'une Libye opprimée, lui apporte la paix et la démocratie. Mais ce sera ce pour quoi l'Histoire le moquera - Sarkozy l'homme dont la vision vers le futur n'excédait pas la prochaine élection.