Depuis quelques semaines, Nuit Debout, le mouvement “citoyen” né place de la République, défraye la chronique. Au fond, il est tout à fait compréhensible que les gauchistes soient déçus par la loi Travail. Ils ont élu Hollande sur un programme bien bien à gauche, et celui-ci mène une politique de droite. Mais j'ai déjà développé cette idée dans Loi Travail : quand l'incompétence gâche le bon sens. De Nuit Debout, d’aucuns y voient un mouvement éphémère, d’autres le début d’un mouvement de grande ampleur, qui pourrait réveiller la gauche amorphe, toujours est-il que les plus fins observateurs ont trouvé à Nuit Debout un “grand frère”, qui l’aurait inspiré : les Veilleurs.
Souvenez-vous, c’était en 2013 lors des débats sur le mariage homosexuel, des militants de La Manif Pour Tous restaient sur place après les manifs, lisant du Péguy, récitant du Baudelaire et distillant des bonnes pensées philosophiques ou historiques. C’était un mouvement absolument pacifique, sans aucune intention provocatrice. Rester assis dans la nuit, “veiller” à la bougie, y avait-il un quelconque motif de répression policière ? Vous conviendrez que non. Pourtant, la police, ces nuits-là, s’est faite plaisir…
Le pacifisme des Veilleurs |
Aujourd’hui, qu’avons-nous ? Des manifestants souvent jeunes, “gauchistes”, prêts à en découdre avec la police. Evidemment, le coktail est explosif. Dégradations de mobiliers publics, bloquages de lycées et d’universités, attaques de commissariats, jets de projectiles sur la police… Et après on arrive encore à plaindre des jeunes “qui ont peur pour leur avenir”. Non, non, non. La police en prend plein la gueule mais ne bronche pas. En face, il suffit d’un coup de poing asséné par un policier à un manifestant pour que les réseaux sociaux s’embrasent. Nous sommes revenus aux “CRS SS” de Mai 68. Mais Nuit Debout est infiniment moins glorieuse que Mai 68. Même si on peut blâmer ce maudit mois, on doit lui reconnaître une certaine grandeur. Vous pouvez lire à ce propos l’article de mon homonyme Elie (!) Arié Nuit Debout, l'anti-Mai 68, qui débute son article dans Marianne de la plus belle des manières : une citation d’Hegel : « Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ». Nuit Debout a beau être dans la nostalgie de son illustre prédécesseur, elle ne lui arrive pas à la cheville.